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(observateurcontinental)La Turquie joue son grand jeu en Afrique

 (observateurcontinental)La Turquie joue son grand jeu en Afrique

La Turquie s’est transformée en principal sujet de l’actualité géopolitique mondiale. L’une des raisons de la crise économique qui s’est aggravée en Turquie a été un écart significatif entre les importations et les exportations dans les échanges. Le commerce d’armes sert d’important soutien pour la Turquie sur fond de balance négative du commerce extérieur. 

Selon les informations de l’Assemblée des exportateurs turcs de 2021, les ventes d’armes de la Turquie ont atteint un niveau record, sachant que la plus forte hausse des exportations d’armes concerne les pays d’Afrique. Les exportations d’armements et de matériel militaire aux Etats-Unis ont également battu un record, s’élevant à un tiers des exportations militaires totales de la Turquie, malgré les sanctions décrétées par les Etats-Unis contre la Turquie en 2020 pour l’achat de systèmes antiaériens russes S-400. 

En janvier-novembre 2021, la Turquie a exporté des armes pour 2,793 milliards de dollars, soit 39,7% de plus qu’à la même période en 2020. Après le record de 2,7 milliards de dollars établi en 2019, la Turquie s’apprête à battre ce record en terminant l’année en franchissant la barre des 3 milliards de dollars. Sachant qu’au cours des onze premiers mois de 2021, la Turquie a augmenté ses exportations militaires en Afrique de 700%, passant de 4 à 328 millions de dollars. Les experts prédisent que prochainement l’Afrique deviendra le troisième plus grand marché d’écoulement des armes turques. 

Ankara a signé des accords bilatéraux avec la Tanzanie, le Soudan, l’Ouganda, le Bénin et la Côte d’Ivoire sur la coopération dans la production industrielle, les achats et la maintenance du matériel militaire et de défense, le soutien technique et logistique, l’échange d’informations et les recherches dans ce secteur. 

Ce ne sont pas les drones qui sont devenus le produit militaire turc le plus populaire auprès des Etats d’Afrique, mais les véhicules blindés de la compagnie turco-qatarie BMC. La plupart des acheteurs africains d’armes turcs ne sont pas des pays riches, dont les autorités mènent des guerres interminables contre la guérilla. Ils n’ont pas besoin de véhicules blindés lourds ou de systèmes antiaériens, ils ont besoin d’armes qui permettent de mener des opérations antiterroristes profondes et d’identifier rapidement des groupes de combattants. Cela nécessite des véhicules blindés légers à roues dotés d’une protection anti-mine, des moyens de déminage et des drones. Précisément ce que les Turcs ont livré aux armées africaines. 

“Au cours des décennies qui ont suivi l’effondrement de l’Empire ottoman, la Turquie ignorait en grande partie l’Afrique, et ses dirigeants préféraient se concentrer sur l’Europe. Néanmoins, depuis 15 ans, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’efforçait de rétablir les liens avec le continent. Depuis 2009, la Turquie a augmenté le nombre de ses ambassades en Afrique de 12 à 42, où M. Erdogan se rendait souvent, planifiant des visites dans plus de 20 capitales”, écrit le quotidien britannique Financial Times

Depuis 2003, les échanges entre la Turquie et l’Afrique ont augmenté de 5,5 à plus de 26 milliards de dollars. 

Déclarant que les Turcs et les Africains sont “destinés à devenir partenaires”, Recep Erdogan s’est focalisé sur les grands contrats publics d’infrastructure dans toute l’Afrique: du bassin olympique au Sénégal au plus grand site militaire en Somalie en passant par une grande mosquée à Djibouti. L’expansion de la Turquie en Afrique avance à grands pas, “sortant du cadre de l’activité économique et englobant les affaires, l’aide, la diplomatie, la culture et le soutien militaire”, indique African Business

L’expansion de la Turquie dans l’économie africaine avance à l’exponentielle. 

En 2012, un grand accord de 1,7 milliard de dollars a été signé entre l’Ethiopie et le magnat de construction turc Yapi Merkezi (YMI) sur la construction de 400 km de route ferroviaire reliant l’Éthiopie orientale, centrale et du nord au port de Djibouti. 

Plus d’un tiers de tous les investissements turcs en Afrique au sud du Sahara partent en Ethiopie, qui “devient rapidement un élément central des efforts d’Ankara sur le continent”. Avec une population de plus de 100 millions d’habitants et son dirigeant ambitieux en la personne du premier ministre Abiy Ahmed, l’Ethiopie est un portail de la Corne de l’Afrique, une région stratégique qui garde les itinéraires maritimes mondiaux stratégiques. La Turquie est aujourd’hui le deuxième plus grand investisseur en Éthiopie après la Chine. 

Le Financial Times note que M. Erdogan mène son grand jeu censé “contrer l’influence des adversaires du Golfe tels que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ainsi que les Etats-Unis, la France, la Chine et la Russie”. Sachant que l’expansion turque en Afrique ne fait pas du tout concurrence aux Anglo-Saxons. 

En cherchant les véritables bénéficiaires de l’expansion économique turque en Afrique, il s’agit des plus grands fonds d’investissement américains. Ainsi, dans le capital d’action de la compagnie de construction turque Aksa Enerji, qui a construit des centrales au Mali, au Ghana, et au Madagascar, se trouvent des géants financiers The Vanguard Group, BlackRock, Allianz Global Investors GmbH, Dimensional Fund Advisors LP. 

La compagnie BMC, le plus grand fabricant de matériel blindé exportant ses véhicules en Afrique, a été fondée à l’époque par British Motors Corp., puis nationalisée. Selon les informations du site analytique suédois Nordic Monitor, son vrai propriétaire, par le biais de son parent éloigné Talip Öztürk, est Recep Erdogan, qui a récemment rendu la compagnie aux Britanniques en vendant la moitié des actions au fonds d’investissement des forces armées du Qatar contrôlé par la couronne britannique. 

En accompagnant son expansion africaine par une rhétorique anticoloniale, la Turquie fraye un chemin sur le continent africain précisément aux colonisateurs qu’elle condamne. 

Etant donné que d’autres acteurs mondiaux sont présents en Afrique, il est possible de conclure que l’épicentre du grand jeu a commencé à se déplacer du Moyen-Orient et en partie d’Asie centrale en Afrique.

houssainatou

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