En Corée du Sud, les sondages concernant la très prochaine élection présidentielle de mars placent le candidat démocrate et conservateur dans la marge d’erreur. Mais ces deux derniers sont surtout concernés par de nombreux scandales qui ont rythmé la campagne. Deux suicides récents autour d’une histoire de favoritisme dans l’attribution d’un marché public de promotion immobilière sont notamment au cœur des débats.

À l’origine de ces scandales, il y a une histoire à succès dans la grande banlieue de Séoul, à Seongnam. Cette ville à la croissance rapide accueille les sièges des géants du numérique sud-coréen. En quelques années un quartier sous développé, Daejang-dong, s’est complètement transformé sous l’impulsion d’un partenariat public privé. Mais les autorités de la ville sont accusées de favoritisme dans l’attribution de ce marché qui a permis d’engendrer des profits records : 152 millions de dollars pour la municipalité, 338 millions pour l’entreprise.

Un scandale foncier qui mêle financement public et privé

Tout semble suspect autour de cette entreprise sans aucune expérience dans l’immobilier et qui a été créé seulement quelques semaines avant de se voir attribuer un marché public de promotion immobilière. Le champion démocrate Lee Jae-myung était tout simplement le maire de la ville au moment des faits. Le candidat conservateur Yoon Seok-Youl n’est pas directement concerné, mais de nombreux membres de son parti le sont. L’accusation est claire : l’entreprise aurait corrompu de nombreux officiels en échange de faveurs.

Le « club des 5 milliards de wons » désigne les procureurs, députés ou politiciens majoritairement conservateurs qui auraient reçu cette somme, équivalente à 3,8 millions d’euros. Par exemple, le fils d’un ancien député et conseiller de la présidente conservatrice Park Geun-hye, a par exemple reçu ce montant après avoir travaillé quelques temps dans cette entreprise. Normalement ce genre de parachute doré est réservé à un PDG de grand groupe plutôt qu’à un simple employé.

Des morts sur fond d’allégations de corruption

L’affaire qui défraie la chronique depuis plusieurs mois est montée en intensité ces derniers temps, après le suicide de deux membres de l’entreprise publique chargée du développement de la ville, dont le dernier ce 23 décembre 2021. L’opposition s’est empressée de trouver des photos d’un de ces employés avec le maire de l’époque et actuelle candidat démocrate à la présidentielle.

Le marché a littéralement explosé en quelques années. Durant le mandat du président actuel les prix ont tout simplement doublé dans la ville de Séoul. C’est une problématique très sensible ici, car cela engendre une frustration importante chez une partie de la classe moyenne qui a énormément de mal à accéder à la propriété et qui est contrainte à s’endetter fortement.

Le taux d’endettement des ménages a grimpé en flèche ces dernières années pour dépasser les 100% du PIB en 2021, un sujet de préoccupation important pour les Sud-coréens parfois éclipsé par les affaires. Depuis le début de cette campagne présidentielles les candidats ont été accusés entre autres de liens avec des chamans, de liaisons extra-conjugales et leurs femmes d’avoir menti sur leur CV ou d’avoir répandu de fausses informations sur Twitter. Des affaires successives qui ne les empêchent pas d’être candidats alors que dans un peu plus de deux mois, l’un d’entre eux devrait-être élu à la tête de la dixième économie mondiale.