Vladimir Poutine était absent au G20 et à la Cop 26, mais il est à New Delhi ce lundi 6 décembre. C’est son deuxième déplacement hors des frontières de la Russie depuis le début de la pandémie après sa rencontre avec Joe Biden à Genève en juin. Un déplacement rare, et pas simplement parce que les relations entre Moscou et New Delhi sont traditionnellement bonnes, mais aussi parce qu’elles ont bien besoin d’être réchauffées.
Vladimir Poutine est à New Delhi ce lundi, pour un mini sommet exceptionnel entre l’Inde et la Russie : il est accompagné de ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères, et devrait signer d’importants contrats d’armements entre autres celui concernant les missiles controversés S400. Un déplacement d’importance, car c’est seulement la deuxième fois que le président russe réalise un déplacement officiel en dehors de son pays depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Si la Russie et l’Inde sont des amies proches depuis des dizaines d’années, elles ont chacune des alliances qui inquiètent l’autre. Les liens entre la Russie et la Chine mais aussi très récemment avec le Pakistan – nouvelle donne afghane oblige – inquiètent à New Delhi.
L’Inde, un bon client pour les Russes
La Russie, elle, voit d’un mauvais œil le pari américain de faire de son partenaire historique un pivot dans sa stratégie face à Pékin. La Russie est aussi irritée de voir l’Inde s’émanciper, diversifier son portefeuille commercial notamment en matière d’armement. Sur ce marché, la part de la Russie est descendue en dessous des 50%. Européens et Américains sont venus la concurrencer. Ainsi Washington a vendu à New Delhi des patrouilles maritimes et des drones.
Car la Russie est, depuis des décennies, le premier fournisseur d’armes pour l’Inde – près des 2/3 de ses achats d’armes étrangères de New Delhi viennent de Russie. Et cette visite devrait sceller deux importants contrats : le lancement de la production en Inde de 750 000 fusils automatiques Kalashnikovs AK203 grâce a un transfert de technologies, et surtout la vente des missiles de croisière perfectionnés S400, malgré la menace de sanctions des Etats-Unis.
L’Inde cherche à préserver une relation privilégiée avec la Russie, et notamment dans le domaine militaire. L’Inde a de toute façon le souci de mettre ses œufs dans différents paniers au plan militaire. C’est une des raisons pour lesquelles elle achète français, européen en général. Mais l’achat de fusées S400 russes a manifesté le désir que l’Inde avait de garder ce lien privilégié.
Christophe Jaffrelot, directeur de recherche au CERI Sc-Po
Vincent Souriau
Moscou et New Delhi, chacun aura pourtant à cœur ce lundi de préserver la relation et de ménager les équilibres. Vladimir Poutine a promis à la Chine une visite pour les JO mais fait le geste de se rendre d’abord en Inde. Nul doute que Narendra Modi aura aussi des gestes d’amitié en retour.
Le thème des vaccins devrait notamment être abordé, alors que Moscou a signé des partenariats avec New Delhi pour la production de centaines de millions de doses de son sérum phare contre le coronavirus, le Spoutnik V.
L’Inde est importante pour Vladimir Poutine parce que ça a toujours été un pilier de la politique étrangère russe mais aussi, indépendamment des questions économiques, pour les questions géopolitiques.